190 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE
son goût pour la riche matière poétique, pour l'image luxueuse tt parfaitement inutile, pour le brillant et vain discours n'ayant d'autre fin que sa cadence. Pourquoi des reproches ? Ces poètes ont réalisé leur dessein. Qu'on prenne plaisir à les entendre, ou qu'on s'agace et se détourne, c'est affaire à chacun. Mais Oscar Wilde n'a pas manqué son but. Ne cherchons en Salomé ni plus, ni moins qu'il n'y voulut sertir, et traitons-le selon sa réussite — non pas selon notre attente, sous peine d'être " tout à fait ridicules... "
Pierre de Lanux.
��LE SYNDICAT DE BAUGIGNOUX, par Emile Guillau- min (Fasquelle).
Est-ce le premier roman syndicaliste qui ait été écrit ? Je l'ignore. Mais je serais surpris que ce fût le dernier. En atten- dant, c'est le meilleur. Non qu'il soit parfait, ni qu'il vaille un long poème. Guillaumin voit trop net pour s'abandonner à des effusions lyriques ; si son écriture s'est visiblement perfec- tionnée, il n'atteint pas toujours à cette précision qui, de la forme et de la pensée, ne fait qu'un. Restera-t-il l'auteur de La Vie d'un Simple ? Pourquoi pas, jusqu'à ce qu'il rencontre un thème équivalent qu'il traitera de façon définitive ? Ne le trouverait-il pas, qu'il n'en serait pas moins l'auteur d'un beau livre à la perfection duquel rien ne manquerait, si quelques clichés n'en faisaient penser à des morceaux de vieille soie cousus sur la trame d'une toile neuve et solide, œuvre d'un habile tisserand de village. Tel quel, ce livre résistera au temps. Il n'a point passé inaperçu, mais il aurait dû avoir beaucoup plus de succès encore. Ce n'est pas un roman " régionaliste " : c'est un roman humain.
Car n'est-ce point l'écueil auquel se heurtent le plus souvent les I écrivains dits " régionalistes, " que beaucoup d'entre eux.
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