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LES REVUES 20I

tion artistique, un créateur incomplet. Tel qu'il nous apparaît, il a manqué sa vie comme il a manqué de caractère. En se refusant la joie d'être ce qu'il aurait pu devenir le plus naturel- lement du monde : un apôtre, il a presque tout perdu. Il de- meurera le type d'un esprit vaste et confus, du scribe génial sans envergure."

M. Horace M. Samuel dans The Fortnightly Review (Juin) :

" L'émotion dominante dans le tempérament de Strindberg, c'est la peur. C'est la peur qui, prenant à certains moments les proportions d'une paranoïa ou illusion chronique et manie de la persécution tient lieu d'explication concernant toute son attitude envers l'Homme, la Femme, et Dieu. Il possédait aussi un égoïsme à véhémentes explosions et un gigantesque intellect qui parfois dominait sa peur et fonctionnait avec une puissante précision... Ajoutez à cela une sensibilité sexuelle morbidement hypertrophiée, et une tendance naturelle très marquée à l'idéa- lisme "...

M. Henri Albert dans Le Mercure de France (i«f Juin) trace de Strindberg le portrait suivant.

" Ce qui frappe, à première vue, c'est l'énorme front bosselé, aux arcades sourcilières très marquées, qui paraît appartenir à un autre homme que le reste du visage. Les yeux bleus sont ceux d'un rêveur mystique. Le nez lourd, un "nez de Lapon", est d'aspect vulgaire. Mais l'ovale du menton paraît d'une rare finesse ; la bouche est presque enfantine, avec ses lèvres puériles que voile à peine une moustache ténue. L'abondante chevelure bouclée, la " crinière de lion ", dont il se disait si fier, s'était raréfiée avec l'âge et les joues, en s'épaississant, tendaient, sur le tard, à ramener de l'harmonie dans l'ensemble. Tout cela sem- blait tenir à la fois du chat et du taureau.

Sa haute taille un peu voûtée ne donnait pas l'apparence de

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