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Page:NRF 8.djvu/215

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RÉFLEXIONS SUR LE ROMAN 209

un certain manque d'imagination constructive le condamnant à l'autobiographie, l'autobiographie d'autre part choquait sa délicatesse d'homme comme une exhibition, choquait aussi sa conscience d'artiste qui n'appréciait de romans que ceux où " le cordon ombihcal était coupé " et où " les figures tournaient ". Il jeta alors dans un tiroir son roman inachevé, et se remit à son travail de critique et d'historien.

A tort peut-être, dit M. Bourget. Il aurait pu continuer cette œuvre et continuer sur cette voie, son roman étant meilleur et ses raisons d'y renoncer moins bonnes qu'il ne croyait.

Le roman, dit M. Bourget, n'imitait Stendhal que dans la mesure où tout débutant est tenu d'imiter quelqu'un. Taine aurait trouvé son origi- nalité. D'ailleurs " le romancier grandissait en lui, de page en page. Le huitième chapitre atteste un étonnant progrès de métier sur le premier.

J'ai conservé pour Taine une admiration respec- tueuse et solide, et je ne sais s'il faut y faire rentrer ou en excepter la préférence que je donne ici au jugement de Taine sur celui de M. Bourget. J'ai déjà bien de la peine à supporter dans Graindorge tout ce qui est fiction. Observons d'ailleurs que Graindorge était inspiré des Mémoires d'un Touriste comme Etienne Mayran de Rouge et Noir. Mesurons la distance de Stendhal à Taine romancier, et con- sidérons la nature de l'imitation. Victor Hugo à

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