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222 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

pourrais dire, me semble t-il, et la matière et la facture." La facture, soit: l'observation voulue, ten- due et factice charriée dans le grand rythme épique que nous versent les Origines^ — une formule, qui peut-être n'eût pas été très loin de celle de Zola. Mais la matière } M. Bourget pense peut- être que Taine aurait pu présenter sous forme de roman les thèses auxquelles les Origines ont donné la forme historique, créer un roman social, un roman argumenteur, oratoire et qui cherche à convaincre, analogue à celui de M. Paul Bourget lui-même ? C'est un rêve bien chimérique. Taine portait en lui un fond de sérieux qui ne lui laissait pas concevoir que l'on pût présenter la vérité autrement que comme carrée et claire, au nom de celui qui l'affirme et sous sa responsabilité. Exprimer ses idées ou ses émotions par des personnages de roman lui eût paru un détour artificiel et peu loyal. Un certain sentiment des substituts négatifs et des approximations per- sonnelles que comporte la vérité, sentiment qui peut équivaloir dans les romans de M. Anatole France, par exemple, à celui de la vie vraie et le remplacer subtilement pour aider l'auteur à créer, sous des apparences d'hommes, des points de vue, manquait à Taine. Et je suis étonné que M. Bourget n'ait pas évoqué ici la manière toute différente dont Renan résolut le même problème, put triom- pher là où Taine avait renoncé-

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