Page:NRF 8.djvu/23

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

LA CONQUE d'or 17

Colosse brûle en plein azur. Son rouge passé, et le bleu tendu, exaspéré, du ciel, qui transperce tout, forment un accord magnifique. Vais-je me réconcilier avec cette splendide dureté . Je tiens Sainte-Cécile d'Albi pour une école incomparable de tyrannie spirituelle. Elle est une des plus hautes expériences humaines qui furent tentées pour instituer sur la terre le règne de la Divinité. Mais, la plupart du temps, ce n'est point en y pensant qu'on prouve Dieu. Il y faut une part d'incons- cient. Celle-ci ne prouve, ne revêt, n'impose qu'elle-même. C'est pourquoi les chemins de l'âme lui restent à jamais fermés...

"... Si vous répugnez à l'arabesque, me disait l'un de vous, je doute que vous aimiez le clocher de Rodez. " J'aime cependant cette forte et solide tour carrée, où la force et la solidité résultent de l'ordre et de la proportion des parties. Jusqu'à moitié de sa hauteur, elle est nue. C'est une tige pleine, qui ne retire toute sa puissance que de sa rigidité et de son dépouillement. A mesure qu'elle s'élève, elle fleurit, d'abord avec une austère sobriété, puis, par degrés, avec une abondance, une variété, une foison, et une aisance merveil- leuses ; et, par des retraits successifs à peine accusés, mais qui conspirent, tant ils sont bien répartis, à sa miraculeuse ascension, elle s'exalte, s'élance, se superpose en tourelles, en fenêtres

2

�� �