Page:NRF 8.djvu/270

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

264 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

parle ; c'est la torture qui m'arrache l'aveu. J'en appelle à vous par le sang du Christ auquel vous croyez : ne m'écrivez pas si vous avez durant ce mois fait la moindre chose qu'il m'eût été pénible de voir. Vous pouvez avoir changé ; si non, si vous continuez de passer votre temps dans des salles de danse et autres sociétés comme je vous l'ai vu faire, — je ne tiens plus à vivre. — Si vous avez fait cela, je souhaite que la nuit qui vient soit pour moi la dernière. Je ne peux pas vivre sans vous... non seulement vous, mais vous chaste^ vous vertueuse. Le soleil se lève et se couche, le jour passe, et vous suivez plus ou moins la pente où votre instinct vous entraîne... Vous ne pouvez concevoir la quantité de sentiments misérables qui vont et viennent en moi en un jour ! — Soyez sérieuse ! — L'amour n'est pas un jeu. Et encore une fois, n'écrivez pas si vous ne pouvez le faire avec une conscience de cristal. Je mourrais plutôt

d'être privé de vous que de

A jamais vôtre,

J. Keats.

XXXVI

Ma Fanny chérie,

Ma tête est pleine de trouble ce matin, et je ne sais ce que je vais dire, bien que cent choses m'oc- cupent. Il est de fait que je préfère encore vous

�� �