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LETTRES A FANNY BRAWNE 267

craignez pas ; ne faites rien que m'aimer. — Si j'étais bien sûr de cela, la Vie et la Santé me seraient un Paradis et la mort elle-même me serait moins amère. J'envie ceux qui croient à l'Immor- talité. Je ne pourrai jamais vous dire un adieu éternel. Si c'est ma destinée d'être heureux avec vous ici-bas, — combien brève néanmoins est la plus longue vie !

Je voudrais tant croire à l'Immortalité ! ^ Je voudrais tant vivre avec vous à jamais ! Ne laissez jamais mon nom passer entre vous et ces rieurs ; si je n'ai d'autre mérite que mon grand amour pour vous, il doit suffire à me rendre sacré et à me préserver de tout contact avec cette société. Si j'ai été cruel et injuste, je jure que mon amour a toujours été plus grand que ma cruauté, qui n'a été que d'une minute, alors qu'il est trempé pour l'Eternité. Si vous avez souffert dans votre fierté des concessions que vous m'avez faites, Dieu sait qu'il y avait peu de fierté dans mon cœur quand je pensais à vous ! Votre nom ne passe jamais sur mes lèvres ; ne laissez pas le mien passer sur les vôtres. Ces personnes ne m'aiment pas. — Vous

' Il semble avoir été à ce moment dans une phase d'esprit diffé- rente de celle où l'avait trouvé la mort de son frère Tom. A cette époque, il disait que Tom et lui croyaient fermement à l'immortalité. Voir La 'vie, les lettres, etc., vol. I, p. 246. — Un passage de la lettre XXXV révèle aussi qu'il était sorti des voies de l'orthodoxie : "J'en appelle à vous par le sang du Christ auquel vous croyez... " — il ne dit pas : " nous croyons ".

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