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22 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

un pendant à 1' " Histoire des Treize ", à la " Ténébreuse affaire ". Il y a bien là la matière d'un beau roman de mœurs politiques sous la Restauration, d'un autre envers de l'Histoire con- temporaine.

A la nuit, nous nous glissons le long de l'hor- rible rue des Hebdomadiers, présentement débap- tisée, jusqu'à la maison borgne où l'on exécuta l'ancien procureur impérial. C'est vraiment une maison maudite. Depuis près d'un siècle, on n'y a rien changé. Tassée, verrouillée, comme murée, elle non plus ne révélera rien. Le cœur battant, nous entr'ouvrons la porte de la cour. L'aspect y est encore plus misérable et sinistre ; tout y parle à l'imagination et aux yeux. Quelqu'un pousse un volet ; nous sentons qu'on nous épie en silence, et nous nous sauvons comme si l'on allait nous poursuivre. Il fait nuit, une nuit lourde, orageuse. La rue n'est pas éclairée, et les maisons, très rapprochées, surplombent et font ventre. Je ne respire librement qu'en me retrouvant au milieu de la foule qui se presse sur le passage de la retraite aux flambeaux. Puis l'orage éclate, un orage sec, où il y a plus de poussière et de vent que de pluie, et de grands coups de foudre qui blanchissent tout le ciel...

La route qui, de Rodez, conduit à Conques, est la plus belle du monde. En quittant la ville, on

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