Aller au contenu

Page:NRF 8.djvu/340

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

334 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

Le jeu des couleurs anime d'une ardeur imprévue la splendeur des formes en mouvement. Ici, la chair est pénétrée de sentiment : elle a la vertu émou- vante entre toutes : le caractère.

On ne peut concevoir la belle danse sans la gloire joyeuse des corps ; et sans le don de la jeunesse, on ne l'imagine pas. Des êtres laids qui dansent, sont un affreux blasphème. La beauté fait la joie.

Si l'on voyait danser d'assez près, il faudrait que ces glorieux corps de jeunes femmes et d'enfants fussent nus : parce que la beauté de la jeunesse et des femmes tient au charme de la peau, tel que les beaux marbres même on ne peut se défendre de les toucher ; au grain de cette soie, à l'harmonie de l'étoffe vivante avec les cheveux, avec les feux de la gorge et des lèvres.

Si expressive soit elle, la belle danse ne doit rien peindre et rien traduire que la beauté des corps. Les grâces divines de la chair, tel est son texte. Le chant que la chair élève nous touche d'autant plus qu'il est plus périssable, que nous le pressentons, et que l'ombre de l'éphémère l'enveloppe, qui tremble aussi sur elle. L'anecdote du ballet ne nous importe presque en rien. La beauté de la danse est toute dans l'harmonie des formes et des lignes vivantes, ce poème privilégié de la vie qui se meut, et qui meurt peu à peu, en même temps qu'il palpite.

�� �