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344 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

vérité encore. Je le veux plus héroïque. La beauté est une certitude de bonheur : elle est une révélation plus qu'une attente : une croyance dont on est plein, et tout de même une ombre : car, sinon une ombre, que serait ce la croyance d'une ombre .?

Ainsi, rien de sûr, rien de fixe dans la danse. Rien de plus que l'apparence, mais rien de moins : Un rêve sans repentir. Elle est toute pareille à la jeunesse. Rien n'y compte, si ce n'est l'arabesque et l'ivresse du mouvement. Je chante, ce soir, la danse : je ne la louerai pas, demain.

Jeunesse, tu es la Muse qui conduis le chœur des danses. Ta poésie est la sienne. Toute danse est un sourire d'Hébé. La fleur d'avril passe tous les fruits de l'été, hormis les cerises qui sont des fleurs encore : mais rouges pour la Saint Jean, elles sont le printemps tout en sang de se quitter. Dans la peine et l'amour, dans les pleurs et même dans la mort, la jeunesse est toujours une volupté. Elle est l'ivresse égoïste entre toutes. 11 me semble que des enfants bien doués mourraient avec joie, dans un excès de plaisir, comme le rossignol tombe épuisé de son arbre de mélodies, sous les feuilles de chant qu'une nuit trop chaude détache des branches. O danse, beau drame de l'instant, et qui rit, dans l'instant, de tout ce qui dure !

André Suarès.

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