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Page:NRF 8.djvu/405

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MIGUEL MANARA 399

un très pauvre doux cœur léger comme le passe- reau d'hiver.

Et un soir la Luxure aux yeux vils, au front bas, s'assit sur ma couche

et me contempla en silence, comme on regarde les morts.

Une beauté nouvelle, une douleur nouvelle, un nouveau bien

dont on se lasse vite, afin de mieux goûter le vin d'un mal nouveau,

une nouvelle vie, un infini de vies nouvelles,

voilà ce qu'il me faut, Messieurs ; ceci tout sim- plement, et rien de plus.

Ah ! comment le combler, ce gouffre de la vie ? que faire ?

Car le désir est toujours là, plus fort, plus fou que jamais. C'est comme un incendie dé la mer

soufflant sa flamme au plus profond du noir néant universel 1

C'est un désir d'embrasser les possibilités infinies 1

Ah, Messieurs ! que faisons-nous ici ? que gagnons- nous ici ?

Hélas ! que cette vie est courte pour la science ! et quant aux armes

ce pauvre monde n'aurait pas de quoi nourrir les sombres appétits d'un maître tel que moi ; et quant aux bonnes œuvres, vous savez quels chiens rogneux,

quelle puante vermine de nuit

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