Aller au contenu

Page:NRF 8.djvu/408

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

402 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

d'une porte de mauvais lieu. Est-ce ma faute

si la senteur de ta poudre et de ton fard m'est une

odeur de chien ? Dis, don Miguel, chevalier de Calatrava, est-ce

ma faute ? Si ton père vivait, je te cracherais au visage ; mais voilà,

ton père est mort. Il n'est pas là pour défendre l'honneur de son sang ; et ta mère n'est plus là pour essuyer la joue de son enfant et pour le con- soler dans ses bras. Quoi ! c'est donc cela, c'est donc cela, la chevalerie

d'aujourd'hui ! Mais un juif dans la puanteur de son ghetto, un juif fidèle à son épouse et tendre à ses petits est mille fois plus gentilhomme que toi ! Pour qui donc nous sommes-nous battus, puis- sances du Ciel ! Pour qui donc avons-nous versé notre sang. Seigneur !

Pour qui donc a-t-il sacrifié sa vie, notre Roi, lui qui n'a même pas aimé selon son cœur, lui qui a pâH et jauni avant l'âge dans la poudre des parchemins

d'Etat ! Hélas !

(Il cache son visage dans ses mains. Assez long silence.)

�� �