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MIGUEL MANARA 4O3

Ecoute-moi, Miguel. Tu es jeune. Tu as trente ans.

Et tu es riche d'une raison mauvaise, mais puis- sante.

Trente ans ! Je ne sais pas si je dois rire ou pleurer!

Trente ans ! C'est comme l'odeur des blés, c'est comme le sourire

de la nuit à la fenêtre où doit apparaître un visage

doucement éclairé par le cœur d'une rose.

Miguel ! Mon fils ! mon enfant ! Je suis un vieux fou!

Je t'ai parlé comme tin vieil imbécile ! J'ai été in- juste.

J'aimais, moi aussi, les filles, quand j'étais jeune.

Je ne les séduisais pas, je ne m'en moquais pas, je ne les abandonnais pas,

mais je les aimais, je les convoitais. J'ai été jeune, Miguel.

Pardonne. Pardonne au vieux soldat brutal. Je ne suis pas un homme de Cour,

je n'entends rien au beau langage. Dame !

on a eu la vie dure ! Il ne faut pas m'en vouloir.

Il faut me pardonner. Tu es beau, Miguel ; tu as le front haut, les yeux fiers.

Donne-moi la main. Allons, ne boude pas. Donne«-moi la main.

(Court silence. Il considère la main de don Miguel.)

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