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Page:NRF 8.djvu/421

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MIGUEL MANARA 4I5

Je sais fort bien ce que je dis et ce que je fais : s'il en était autrement, serais-je venue ici, toute

seule ? Je tenais beaucoup à me faire connaître de vous,

don Miguel. Car pour vous, je vous connais. Trois mois se sont

écoulés depuis le jour de notre rencontre (à la Caridad,

don Miguel) ; et très certainement vous n'étiez pas comme vous

êtes.

DON MIGUEL. — Oui, vous dites vrai, Giro-

lame ; je ne suis pas comme j'étais. Je vois mieux : et pourtant je n'étais pas aveugle; mais c'est la lumière, sans doute, qui faisait défaut ; car la lumière du dehors est pauvre chose ; ce n'est point elle qui éclaire notre vie. Vous avez allumé une lampe dans mon cœur : et me voici comme le malade qui s'endort dans les

ténèbres avec le charbon de la fièvre sur le front et la glace

de l'abandon dans le coeur, et puis qui se réveille en sursaut dans une belle

chambre où toutes choses baignent dans la musique étale

de la lumière ; et voici, l'ami qu'il pleurait depuis longues années, l'ami revenu des terres océaniennes est là

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