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43^ LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

a reconnu l'importance de ce domaine de l'Incons- cient où la raison n'est pour nous que d'un faible secours. Or, c'est là que Maeterlinck nous fait pénétrer. L'originalité de son œuvre, a-t-on dit fort justement, c'est qu'il a donné aux idées les plus spéculatives la forme du sentiment, c'est qu'il les a enveloppées dans ce demi-jour qui, à côté des pensées claires, laisse pressentir les pensées obscures, la vie profonde et cachée où le Moi palpite du même rhythme que l'Univers. Voilà qui était assez nouveau dans la littérature française, et qui, pour sa nouveauté même, paraissait précieux. Mais, au moment où, croyait-on, Maeterlinck allait introduire son lecteur émerveillé dans ce temple du mystère, si étrangement attirant et nouveau, il s'est arrêté sur le seuil. Cette élite française, qui va toujours jusqu'au bout de ses entreprises, dussent-elles lui coûter bien des larmes, et qui aime d'autant mieux battre l'estrade dans les spéculations de la morale et de la philo- sophie qu'elle sait comment retrouver le terrain solide d'une sagesse instinctive à force d'être tra- ditionnelle, il a offert tout uniment, — de crainte de quelque aventure — de la guider à petits pas vers une éthique composite mais non pas inédite. Pouvait-il manquer plus complètement à ses pro- messes } Aussi, à mesure que Maeterlinck assurait son empire sur le grand public de demi-culture, sur ce grand public bourgeois de toutes les nations

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