49^ LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE
gélique pauvreté qui aurait plu sans doute à Ponce de Faucigny, " (p. 117). Ponce de Faucigny ne s'en serait évidemment pas plus douté que le curé, et ne se serait pas cru, comme M. Vaillat, au théâtre. Rien d'étonnant alors qu'un cirque de montagne inspire à M. Vaillat (p. 1 18) cette réflexion : " On rêve d'un théâtre gigantesque où l'on jouerait Prométhée enchaîné, à la bouche tordue d'un masque tragique emplissant la vaste conque des rhythmes d'Eschyle. Mais l'on n'entend que les effusions des ruisseaux cristallins sous l'épais- seur des taillis : là-bas, d'un chalet invisible, s'élève une fumée, cette fumée subtile qu'un proverbe japonais déclare être l'image de mille petits bonheurs, et parmi les pierres si calmes et si indifférentes, la prairie est semblable à une clairière où des cheiks en voyage auraient étendu leurs tapis de prière aux nuances fanées. " Mounet Sully dans Prométhée, terminé par un ballet oriental, en passant par un proverbe japonais, allons, je fais amende honorable à M. Vaillat. C'est une vraie Savoie, tout de même, celle d'Evian : caravansérail et théâtre, troupes en tournée, et je ne doute plus que la jeune fîlle qui tient la buvette d'eau minérale ne puisse, en effet, poser pour quelque Clodion. M. Vaillat nous parle beaucoup de Saint François de Sales. Et en effet, pourquoi ne pas rattacher toutes ces gentil- lesses au souvenir de V Introduction à la vie dévote ?
M. Vaillat nous parle beaucoup de ceux qui passèrent en Savoie, et il ne manque pas quelques pages sur Wagner qui y habita, une saison, un pavillon. Je ne sais pas ce que le bref passage de Wagner a dû ajouter aux images harmonieuses que groupe le nom de la Savoie, Mais à la place de M. Vaillat, je me serais, parmi ces passagers de mon pays, attaché à ceux qui y imprimaient une marque et qui pouvaient rendre à M. Vail- lat un service. Je vois, à la table des matières, des chapitres sur Wagner aux Glycines, Georges Sand à Chamonix, Honoré d'Urfé au château de Virieu-le-Grand, Marc-Claude de Buttet à Tresserve. Nulle part M. Vaillat ne cite le nom de Taine.
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