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Page:NRF 8.djvu/510

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504 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

Le vent te balançait par dessus les dangers Et je craignais pour toi, pourtant j^ aimais P audace De tes gestes puissants dans le vent et P espace. Et quand le soir tu descendais prompt et léger Tu te cueillais au pied des troncs parmi les souches Une fleur d'or Pour en orner ta bouche.

Pierre

J'étais bien jeune alors.

Marianne

Tu Pes toujours quand tu veux Pétre.

Pierre

'Non pas ; mais jeune ou vieux je veux rester le maître.

Depuis bientôt dix ans Que nous vivons, en vrais époux, de notre champ.

Nulle minute Ne fut encor vouée aux cris et aux disputes Qu'on prodigue dans les hameaux ; Certes, je ne m'en vante guère. Et chacun porte ou cache un vieux lot de misères Dans ses poches ou sur son dos.

Marianne

"Je fais ce que je puis et même le dimanche. Je soigne jusqu' au soir ma chèvre et mon bétail C'est à peine si Pon m'assiste en mon travail : La litière est curée et les croupes sont blanches Et chaque bîte est abondante en lait...

Voilà la poésie d'une bonne conscience, l'œuvre drue d'un bon ouvrier. Jamais le rhythme, rude encore, ne fut plus varié ni plus ferme, plus près de celui des Fables et plus extensible

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