Page:NRF 8.djvu/520

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

514 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

et comme un propos délibéré d'être d'un abord difficile et d'un commerce sans agrément. Et, d'autre part, ce n'est pas du dehors mais du dedans qu'il a pris contact avec les réalités dont il parle. Je ne puis pas douter qu'il ait été de cœur avec elles. Ses ouvriers ne sont pas des ouvriers de convention comme ceux de Zola, mais des travailleurs qui vivent au centre de leur travail, qui, sans truculence romantique, sont caractérisés par leur métier et n'existent qu'en fonction de leur labeur. Et la documentation de Hamp est telle, son érudition technique si formidable, son " expérience " si précise et si étendue, qu'on en arrive à se demander si, par impossible, il n'aurait pas longuement exercé tous les métiers dont il parle. Il semble qu'il y ait dans ses livres non seulement le langage d'une imagination qui a coïncidé avec son objet, mais comme une mémoire du corps, comme un souvenir de gestes accomplis, comme un réveil de souffrances vécues.

��* « 

��" Je voudrais dire ici la vie d'un enfant, écrit M. Gilbert de Voisins au seuil de son dernier livre, P Enfant qui prit peur. '

Je l'ai entendu rire et pleurer, j'ai vu ses jeux et ses courtes peines, rien que ses courtes peines ; je croyais bien le connaître, mais de ce qu'il souffrit en secret, je ne sus me rendre compte et de cela je garde le plus cuisant remords.

" Voulant conter cette histoire, je m'étais mis en scène, comme pour témoigner personnellement d'un drame obscur ; bientôt, hélas ! je découvris mon erreur : si proche que j'eusse vécu de ce roman, je n'y avais que faire, n'en ayant rien deviné.

" J'étais le comparse inutile, le comédien de rebut, celui qui, la pièce jouée, va souffler les chandelles. D'autres, à mes

1 Ollendorf.

�� �