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Page:NRF 8.djvu/529

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NOTES 523

au point la nature et le degré du conflit, disons encore que de la part du père il y a travail, exercice de la conscience ; de la part du fils, surtout expansion du tempérament.

Nous n'assisterons pas à une lutte. Le combat n'est pas livré. Car en nul point les adversaires ne se rencontrent. Le père est seul à combattre. Le fils se dérobe, se refuse, élude. Rien de plus pathétique que ce glissement d'une âme entre les mains qui la cherchent... Il ne s'agit pas d'un antagonisme de croyances ; ni de la défense soutenue par une pensée libre contre les entreprises du prosélytisme ; ni du revirement d'une âme conquise et qui se ressaisit ; ni de la crise d'un adolescent qui cède " au cours impétueux du sang de la jeunesse " et tombe " victime des convoitises charnelles ". Non, ce que nous trouvons dans Père et Fils, c'est essentiellement l'analyse de l'inaptitude absolue d'un esprit aux choses de la foi, de son inappétence au surnaturel. Si l'enfant se fourvoie un instant dans les voies du Seigneur, c'est par une piperie de la faculté d'imitation qui est si forte chez les tout petits : " Je suis parfaitement sûr — écrit M. Gosse — qu'il n'y eut jamais un moment où mon cœur ait répondu en toute sincérité et avec une ferveur innée aux paroles qui de mes lèvres coulaient en un tel flot d'onction. " Et encore : " Je n'ai jamais pu arriver à demander à Dieu ses dons spirituels de la même voix et dans le même esprit avec lesquels j'aurais demandé à quelqu'un ce que je savais qu'il lui était possible de me donner, ayant le vif désir de le posséder. Ce sens de la réalité de l'intercession me fut toujours refusé, et il fallait voir là, je le comprends aujourd'hui, le stigmate de mon manque de foi. " M. Gosse dit ailleurs : " Je me suis souvent étonné, et je suis encore incapable de comprendre que mon Père, durant tout le cours de sa longue vie ou presque jusqu'à la fin, n'ait cessé de prendre un vif plaisir à la lecture de la Bible... A aucun moment, il ne peut donc avoir été accablé par la satiété dont j'ai parlé. Que je l'aie éprouvée de si bonne heure, voilà ce qu'il me faut relever simplement comme indice

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