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Page:NRF 8.djvu/530

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524 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

d'une différence de tempérament. " Cet aveu remet en mémoire la sentence de P Imitation : " Mais il arrive que quelques-uns, à force d'entendre l'Evangile, n'en sont que peu touchés, parce qu^ils n ont point P esprit de Jésus-Christ. " Jamais, donc, le jeune garçon ne fut touché par l'esprit du Christ. Sa conscience, son jugement ne sont pas encore formés, il ne détient aucun concept rationnel à mettre en balance des certitudes révélées, quand déjà son esprit est complètement prémuni contre toute surprise divine. Une indifférence, masquée de docilité, le défend mieux que la révolte ouverte et les raisons des philo- sophes : " Dans mes premières années, mon caractère s'était défendu, sur certains points, par une résistance passive à ses idées. Ce que je n'avais pas souci d'y accueillir, je le laissais passer au-dessus de mon esprit par ce procédé curieux dont usent tous les enfants lorsqu'ils ne veulent pas recevoir une impression, augmentant pour ainsi dire l'épaisseur et comme la densité de leur esprit, et remportant ainsi par leur stupidité la victoire que l'insuffisance de leur argumentation n'aurait pu leur donner. " Et, dès lors, les étapes de son développement sont marquées par les progrès d'une inclination grandissante à l'irrespect, sinon à l'insoumission, depuis le jour où triomphale- ment il s'écrie: "J'avais fait cette découverte stupéfiante... Mon Père n'était pas comme Dieu, il ne savait pas tout" ; jusqu'à celui où, pendant la prière, la détermination de se révolter " courut à travers ses veines comme une ivresse ". Je sais bien que M. Edmund Gosse a exprimé quelque part un regret presque mélancolique de ce que ses éducateurs, en refusant si brutalement à son âme la moindre parcelle de ce qui n'était pas vrai selon leur foi, eussent fait de lui un homme " positif et sceptique ". Mais j'ose penser que l'enfant qu'il nous montre portait dans son âme, en naissant, la semence de ce positivisme et de ce scepticisme. Avec des sens éveillés, il avait reçu de la nature un intrépide esprit critique et le don de l'humour. " Je ne pouvais m'empêcher d'observer ", dit-il . Et

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