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ailleurs, parlant de son père : " Quand je l'observais la nuit, alors qu'on me croyait endormi "... Il est à l'afïût, aux écoutes. Il s'exerce à juger, à railler gens et coutumes de son milieu. Sa petite pensée ne connaît plus d'entraves. Il accumule en secret les motifs que plus tard il se donnera pour raisons de rejeter un enseignement que, réellement, ;V n'a pu recevoir. A défaut de méditation, son goût l'avertit et le guide. Avant de réfuter des idées, il réagit contre des images. Rien n'échappe à son ironie, à sa verve, d'autant plus lucide qu'elle est moins passionnée, d'autant plus corrosive qu'elle paraît plus modérée, plus juste, plus décente. Et, bien qu'il croie con- server à son père, jusqu'au bout, " son amour et son admi- ration ", bien qu'il mette une coquetterie à ne point le heurter douloureusement, nous voyons cependant qu'il ne se retient pas de le juger dans ses petitesses, dans ses insuffisances ; et nous ne saurions douter qu'il n'ait été, de bonne heure, séparé de lui par les ridicules qu'il lui trouva. Aveuglement, mala- dresse, fanatisme, jusqu'à une certaine dureté s'opposaient, de la part du père, à la " sympathie profonde ". Or, de la part du fils, même empêchement put naître d'une sensibilité trop immédiate, d'une susceptibilité d'œil et d'esprit que les dehors sans grâce choquaient et chagrinaient à l'égal des sentiments sans humanité... Je veux copier ici certain passage où l'attitude du fils vis à vis de son père me paraît être esquissée de la manière la plus significative. On y voit percer sur le jeune visage le sourire sacrilège, l'implacable raillerie qui met entre ces deux êtres une glaciale distance :
" Mon Père, quand il était seul, priait dans ce que je pouvais presque appeler un esprit de violence. A implorer les directions d'En-Haut, il ne mettait rien de moins que de l'importunité. On aurait pu dire qu'il emportait d'assaut les citadelles de la grâce divine, ne voulant pas de la défaite, assiégeant sans merci de ses intercessions une divinité qui, parfois, me semblait inat- tentive à ses prières ou fatiguée par elles. Les supplications de
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