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TROIS LETTRES INÉDITES DE RIMBAUD

Nous en devons la communication à M. Henri Saffrey ; et, au nom des fervents du poète, nous remercions ici bien chaleureusement cet aimable et d’ailleurs rimbaldiste bibliophile.

On remarquera l’extrême importance de ces pièces : en particulier de la première, qui sept mois d’avance, prémédite l’art des Illuminations, et de la dernière qui nous introduit en quelque sorte dans le cabinet de travail de Rimbaud à Paris. On observera aussi que le ton de chacune diffère et que cela tient, non seulement aux époques ou elles furent écrites, mais encore à la qualité des correspondants, dont l’un, celui des deux premières, était un professeur plus âgé qui s’adonnait à la versification, dont l’autre était un familier, un camarade de même âge, un ami : M. Ernest Delahaye.

La lettre du 15 mai 1871 — Charleville — précède d’un jour ou deux la troisième fugue de Rimbaud vers Paris. Il avait seize ans et était à ce moment, savons-nous, très préoccupé de communisme et de matérialisme, et sous l’influence des œuvres de Baudelaire. Celle du 10 Juin de la même année, et du même lieu, a été écrite, vers et prose, dans l’émotion qu’il venait de recevoir du spectacle de la “Semaine sanglante” et aussi de son encasernement à Babylone : et l’on voudra bien constater, par les dates assignées aux vers, combien nous étions dans la vérité lorsque, à l’encontre d’assertions paraissant