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Page:NRF 8.djvu/607

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MIGUEL MANARA 6oi

quand il vous faudra, pieds-nus, sale et vêtu d'une

odeur d'années, faire sonner la sébile sous la fenêtre du bigot, à la

porte du vieux marchand avaricieux, ou dans le vestibule de la prostituée

généreuse à faire pleurer. Eh, tout beau, tout beau, Monsieur. Nous n'y

sommes pas encore. Je regarde et je vois, le ciel me pardonne ! non pas l'âne pelé à l'échiné creuse, monture du pain de la semaine, non pas l'âne du moulin qui vient manger dans la

main du frère portier, mais très certainement un cheval de bataille nourri

d'orge, lavé dans le sable de Mauritanie, et éperon né par le païen.

Quelle flamme ! Quelle redoutable impatience ! Du calme, du calme, mon cher enfant. Et avec un peu de bonne volonté tout ira bien. Je vais, de ce pas, donner les ordres nécessaires.

(Exit.)

DON MIGUEL. — Voici la lune, voici la terre, voici l'homme très faible et sa grande douleur. Cependant, malgré toutes ces choses qui sont, je n'ose pas dire que Tu es.

Qui suis-je donc pour oser dire que Tu es } Je ne suis sûr, je n'ai le droit

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