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672 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

pareils aux petits Saint Jean de la Fête Dieu : à quatre pattes, il ne leur manque que la parole.

La fausse bergerie s'annonce dès la Régence, et le délicieux Watteau n'y échappe que par le rare instinct du rêve. Trop poète pour mentir : il ne croit pas à ses bergers, et ne veut pas qu'on y croie. Marivaux est plein de phrases sensibles, élégantes et un peu sottes ; mais la pointe de l'esprit est trop vive : elle perce le masque et ne le laisse pas s'épaissir. Diderot, qui est exactement du même âge que Jean Jacques, crève de vertu ; et ce magnifique pendard, ce demi Rabelais, ce Platon Mascarille, à ses énormes appétits fait faire la petite voix, avec l'accent naïf du village. Le ridicule Florian rappelle Fénelon bien plus que Rousseau. La Terreur ne joue pas ses menuets sur la flûte de Jean Jacques, mais sur les pipeaux des bals champêtres. Dans ses habits et dans son air, Robespierre imite Greuze. Enfin, je l'ai nommé : même sous la Terreur, le style niais n'a pas eu de maître plus accompli que le bonhomme Greuze, avec ses petites cruches, ses yeux noyés et ses pères de famille.

��Je pense à Rousseau, pour le tirer de cette troupe. Quelle beauté, pourtant, celle de Jean Jacques, quand on quitte les moutons et les écri-

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