Page:NRF 8.djvu/69

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

LETTRES A FANNY BRAWNE 63

XIX

Mon enfant chérie,

II va de soi que je ne veux pas vous tromper au sujet de ma santé. Voici le fait tel que je le constate : Je suis enfermé depuis trois semaines ^ et je ne suis pas encore guéri ; ceci prouve qu'il y a en moi quelque chose qui ne va pas^ et dont il faut que ma constitution triomphe à moins qu'elle n'y succombe. Espérons que tout ira pour le mieux. Entendez-vous le chant de la grive sur les champs } Je pense que c'est signe de beau temps — et ce sera excellent pour moi. Comme tous les pécheurs, maintenant que je suis malade, je phi- losophe à propos de mon attachement à toutes choses ; les arbres, les fleurs, les grives, le Prin- temps, l'Eté, le Vin, etc.. à propos de tout, sauf de vous ! Ma soeur serait heureuse de me garder un peu plus longtemps. Cette grive est vraiment une jolie créature ! J'espère qu'elle fut heureuse dans son choix cette année } Ne renvoyez plus mes livres à la maison ; j'ai un grand plaisir à penser que vous les regardez.

Toujours vôtre, ma douce Fanny

J. K.

  • Si ces mots peuvent être pris littéralement, ils placent la date

de cette lettre au 24 février 1820, en adoptant le 3 février comme le jour où Keats eut son premier crachement de sang.

�� �