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Page:NRF 8.djvu/697

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CHRONIQUE DE CAERDAL 691

premiers quatuors, dont l’intérêt est si médiocre, et les sublimes effusions des derniers, telle page vide qui est l’école de l’amplification, et les suprêmes entretiens de Beethoven avec le destin et soi-même.

Qu’il en soit donc ainsi. Mieux vaut encore être petit dévot à l’église, que de ne jamais prier. Au bout du compte, les belles pensées sont toujours belles, qu’elles naissent de la musique, ou que la musique en soit étrangement absente, au sens des initiés. Le mystère de l’art est assurément d’un accès moins facile que les mystères de l’autre déesse, à Eleusis. Mais enfin, l’amour seul importe ; et comme il ouvre une voie de lumière aux hôtes obscurs de la forêt, c’est lui aussi qui dore le front d’Orphée et qui accorde la lyre.

André Suarès.