yiO LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE
a l'air préméditée, quand elle n'est que pressentie. L'être obéit à sa nature qui ne lui raconte pas tous ses secrets. "
Enfin, je ne puis pas rester insensible à l'art que M. Bidou apporte à l'évocation du cadre, du milieu, de l'atmosphère où se meuvent ses personnages. Cet art ne vaut pas par l'intensité, mais par l'élégance, et je ne sais quelle netteté adoucie. La sensation n'est pas d'ailleurs livrée toute pure, mais intellec- tualisée, interprétée par la réflexion de l'écrivain, qui trouve d'admirables formules amoureusement cherchées. C'est " la saison de la terre pâlissante, quand mille petites feuilles trem- blotent sur l'arcature des ormes, et que celles des platanes sont rongées par un ourlet couleur de cuir. " C'est " le foisonnement roux et bleu des beaux arbres " du Luxembourg. C'est " les six heures bleutées, " " l'heure du soleil rose, qui précède les soucis du jour, " "le xrhangement de la figure du ciel, " " l'heure où les bleus pâlissent, où toutes les nuances deviennent harmo- nieuses, sonores et éteintes, où, sous la lumière plus rare, par le jeu plus accusé des lumières et des ombres, le modelé prend plus de relief. " C'est le printemps, quand l'air est " heureux " et qu'il "joue avec la jeunesse de la terre, " qu' " au bout des arbres éclatent de gros boutons blancs indécents de vitalité, " et qu' " il fait chaud au soleil et très froid dans le bleu pâle de l'ombre. "
J'ai beaucoup loué le livre de M. Bidou. Il vaut par lui- même. Il vaut aussi par contraste avec la multitude des romans médiocres dont la saison de librairie nous encombre chaque année. M. Bidou me permettra-t-il cependant d'ajouter aux ^-^gères critiques très justement formulées par M. Faguet, ' non I- peut-être d'autres critiques, mais quelques réserves, quelques "'^^'- quelques regrets ?
Je "^ la page 175 de Marie de Sainte-Heureuse : " Il est curieux l yQj^ ^-gj grands courants emporter et défaire une
'^«^«* 15 août 191 2.
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