722 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE
voir. La tâche est malaisée. Je n'y saurais prétendre, dans les limites d'une aussi rapide étude. J'essaierai, cependant, de fixer plusieurs traits essentiels.
M. William Archer est l'apôtre du grand art, mais il est aussi l'avocat du bon sens. S'il conseille au dramaturge de faire le moins possible appel aux éléments matériels du spectacle, à la machinerie, cependant il ne prétend en rien dérober le drame aux conditions les plus terre-à-terre de sa réalisation scénique. Il ne méconnait pas l'importance du public et veut que, sans flatter ses bas instincts, ou reste préoccupé des réson- nances dont il est susceptible : "... le drame — écrit-il — n'a de signification que dans son rapport avec un auditoire... Le seul et unique objet des discussions qui vont suivre, c'est la meilleure méthode d'accommoder un thème dramatique, afin qu'il soit représenté devant un auditoire assemblé dans un théâtre. " Avant tout, M. William Archer à l'horreur du théâtre qui n'est pas du théâtre, du drame qui n'est pas drama- tique, de toute contrefaçon du drame véritable, dont les possi- bilités sont infinies pourvu qu'elles s'exercent dans un domaine bien défini. L'idée abstraite, en aucun cas, ne saurait conduire au drame. Il jaillit du choc direct, immédiat, avec un fait, d'une réaction involontaire de la sensibilité du poète, d'une émotion de qualité spéciale, qui est l'émotion dramatique. Le sujet même d'une pièce ne préexiste pas à cette émotion. Il en découle. Il tire son ampleur et sa dignité de l'union entre les données de fait et les données de caractère. " L'anecdote qui est indépendante du caractère... est essentiellement une chose triviale. " Mais V action est indispensable : " les actes, non les mots, constituent la démonstration et le témoignage du carac- tère. " Le drame digne de ce nom, c'est " le caractère en action ". Et cette action qui s'enveloppe elle-même, cette
suffisamment au théâtre grec, et de ne faire nullement état des tragiques français de l'âge classique.
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