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70 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

XXVI

Ma Fanny chérie, sitôt que vous me savez seul, venez, quel que soit le jour. Pourquoi voulez- vous sortir par ce temps ? Je ne me fatiguerai pas à trop écrire, je vous le promets. Brown dit que je me fortifie, ^ Je dors bien et ne me souviens pas d'avoir rien rêvé d'horrible, la nuit dernière, ce qui est un symptôme capital, car tout dérange- ment organique provoque toujours plus ou moins de fantasmagorie. Quel joli et facile plaisir ce sera de chercher une épigraphe pour mon livre ! Si j'ai la chance d'en trouver une appropriée, cela me dispensera d'écrire une préface. Je crains de vous écrire trop tard — vous serez sortie — vous serez aussi froide qu'un glacier septentrional. —

' Cette constatation et une certaine similitude de ton feraient croire que cette lettre et celle qui précède furent écrites dans le même temps qu'une autre, adressée à M. Dilke, citée par Lord Houghton (dans Fie, Lettres, eci. Vol. II, p. 57), timbrée de Hampstead, 4 mars 1820. Dans cette lettre, Keats dit que son ami Brown le trouve un peu engraissé, et il fait allusion au régime par lequel on lui interdit la viande et on lui recommande de "pseudo- victuailles " — exactement comme il le dit à Miss Brawne dans la lettre XXV où il parle de son " alimentation factice ". Dans sa lettre à Dilke, il dit " si je puis éviter l'inflammation pendant six semaines, je crois que tout ira bien ". Dans la lettre XXV, il exprime à Miss Brawne l'espoir de faire une promenade avec elle le i" mai. Si ces rapprochements ne nous abusent, il semble que ces dernières lettres et jusqu'à la lettre XXVIII soient de la première semaine de mars.

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