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Page:NRF 8.djvu/770

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762 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

pas, elle frappe : une lourde lance, d'un coup plantée, dans une cuirasse d'airain.

Car le cœur se durcit en proportion de l'assaut qu'il affronte. La sympathie se replie et se ferme, devant ces murs entiers, faits pour la guerre, encore guerriers. Pise a gardé baissée la visière du casque. Pour la comprendre et pour l'aimer il sied d'opposer haine à haine. Des impressions . non point : une empreinte ! un choc ! et nous fuirons, vaincus.

Mon ami D... n'a aucun goût pour la mélan- colie des vieilles pierres. Il la confond avec l'ennui. Il ne sait admirer en elles que ce qu'elles recèlent encore de vie et s'il aime passionnément les plus ruinées de nos cathédrales françaises, c'est qu'elles sont pour lui les halles mêmes du vieux temps. Tel, je l'amène devant Pise.

Quelle résistance au siècle ! quelle endurance ! quel orgueil ! Comme elle rejette hors les portes tout ce qui est sentiment amoindri ! Quelle trempe pour un coeur mâle 1 — Pise qui serait la mort même dans le présent, tant elle s'accroche rude- ment au passé, témoigne d'une vie passée si con- tractée, si dangereuse, si mortelle — mais il s'agit de défi à la mort et d'une mort dans le combat — qu'on dirait d'une morte vive. Telle elle fut, telle elle demeure. Elle prétend n'avoir eu à vivre

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