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Page:NRF 8.djvu/797

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DE LA FOI 789

et lorsque déjà la voici qui plie, une plus faible qu'elle vient se ranger à son côté et la débarrasse de son faix qu'elle va déposer un peu plus loin. C'est ainsi que la science prétend expliquer le monde : elle en ôte les difficultés, comme, avec des fils métalliques dont la vertu est de ne pas résister devant elle, on décharge un corps de son électricité.

L'explication qu'elle propose est claire justement en ceci qu'elle est insuffisante. Car, après que l'esprit l'a adoptée, les mêmes questions qu'aupa- ravant lui restent permises ; il est libre ; il peut recommencer ; et même il faut qu'il recommence ; il retrouve son agilité d'examen, son adresse, son ingéniosité ; et même on lui demande de les exer- cer à nouveau. On a besoin de lui encore une fois; donc il n'est pas pris : voilà en quoi l'explication lui paraît claire.

Avec la clarté le savant pense tenir la vérité, parce qu'avec elle il tient les moyens de poursuivre encore la vérité ; il s'imagine que son explication est satisfaisante parce qu'elle lui laisse toute faculté de parvenir à la satisfaction. 11 y a là une confusion de sentiments : il prend pour le contentement de son interrogation, le plaisir qu'il éprouve à constater qu'aucune interrogation ne lui est interdite ; il confond la joie de la liberté avec celle que donne la vérité. L'activité de son intelligence, qui n'est possible que parce qu'elle ne touche pas encore son

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