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Page:NRF 8.djvu/798

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790 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

objet, lui fait croire qu'elle vient de l'atteindre.

Pour se sentir en présence du vrai, il a besoin de se voir respecté par sa découverte et qu'elle ne fasse pas mine de lui saisir les mains pour les attacher ; il a besoin qu'elle soit humble devant son esprit. Mais, quand on découvre le vrai, c'est au contraire l'esprit qui tout à coup se fait humble; c'est lui qui se trouve dépouillé et sans prestige et sans ailes. Car n'est-il pas naturel qu'au moment où il la rencontre, il perde tous les moyens de poursuivre davantage la vérité . Au moment que son inquiétude est contente, il cesse d'être content de lui ; il obéit ; il se rend prisonnier ; toutes ses questions se replient, ayant touché ce qui les termine.

Pour ma part, je ne me reconnais en contact avec le vrai que lorsque mon esprit entre dans cet état de captivité et comme d'affliction ; pour qu'une explication ait du pouvoir sur moi, il faut que je n'en aie plus aucun contre elle. Aussi n'ai- je que faire de celles de la science ; elles sont trop déférentes pour mon génie. Après qu'à chaque phénomène, j'ai joint cette petite cause qui lui est dévolue, rien encore ne me paraît changé ; elle est si proche de lui, elle se tient si modestement dans son ombre que je n'arrive pas à l'en distinguer. Ah ! certes je ne me plaindrai pas d'être malmené; toutes ces explications sont si peu entreprenantes, que je ne les vois même pas et qu'à leur place je

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