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Page:NRF 8.djvu/809

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DE LA FOI 80 I

veux qu'ils soient décisifs ; et voilà ma résolution prise. Cependant elle croît et s'épanouit ; elle prend un sens que je ne soupçonnais pas ; j'ai l'air d'avoir prévu mille conséquences que je n'avais nullement distinguées ; enfin il arrive que j'ai bien mieux ou bien plus mal agi que je ne voulais. Avec quelques mots têtus que je me suis répétés vingt fois pour brusquer une incertitude dont je ne pouvais sortir que par l'arbitraire, je me trouve avoir fait une des actions les plus importantes de ma vie. Quelqu'un a reçu mon obscure décision, l'a mûrie, l'a développée, l'a changée enfin en elle-même ; comme un riche qui accepte sans sourire le dérisoire présent d'un misérable, quel- qu'un fait fructifier entre mes mains mes ingrates et courtes entreprises. Ainsi, si nous savons regar- der à la fois avec imagination et avec humilité, Dieu nous apparaît travaillant avec nous, façon- nant avec nous notre vie, comme un ouvrier ancien et sage reprend la besogne de l'apprenti et l'achève doucement sous ses yeux. Je vois une Providence, — non pas simplement au sens d'une direction générale des événements, mais comme une " création continuée ", comme une invention particulière et de tous les instants, comme l'appuie- ment exquis de l'artisan sur son ouvrage qu'il ne se décide pas à abandonner.

Cela justement me montre Dieu qui le cache à tant de gens : ces inégalités, ces étranges préfé-

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