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Page:NRF 8.djvu/811

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DE LA FOI 803

Cette répartition déconcerte les philosophes : ils ne savent comment excuser Dieu ; c'est pourquoi ou bien ils le nient, ou bien ils le prouvent : ce qui revient au même. — En effet, au lieu de chercher d'abord à le voir, ils commencent par le concevoir ; ils rentrent en eux-mêmes, répudient toute allégation des sens, et là construisent un Dieu rationnel et juste, inaccessible au plaisir, dépourvu d'inclinations, pur et immobile comme une Idée de Platon ; ils lui attribuent un amour qui est une bienveillance universelle et indiffé- rente, une condescendance distraite, une sorte d'estime impartiale pour toutes ses créatures. Quand ils ouvrent les yeux, il n'y a pas de place pour leur Dieu ; tout le dément ; ils ne savent que faire de lui. Dès lors, s'ils ne renoncent pas à lui, pour le maintenir malgré tout, il faut qu'ils aillent chercher des preuves ; il faut qu'ils le rivent au monde à grand renfort de boulons et de coups de marteau ; comme ils ont fabriqué Dieu, il faut qu'ils fabriquent aussi ses attaches avec le monde. Vaine entreprise. Car deux pièces qui ne sont pas faites pour s'ajuster, n'arrivent jamais à bien tenir ensemble; il y aura toujours du gauche dans les preuves des philosophes ; il se trouvera toujours quelqu'un pour venir remarquer la fai- blesse des joints et déceler leur fausseté.

Il eût •fallu comm^éèr tout simplement par

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