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844 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

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Mathias

— C'est mon oncle Hugues qui s'en est allé le premier.

Il habitait une partie de notre hôtel, rue de Penthièvre. Et depuis longtemps il était bien mal, toujours allongé sur la chaise longue, les yeux clos, la bouche contractée.

Un jour que je rentrais au quartier avec mon escadron, on me remit cette dépêche : " Oncle décédé. Venez ". C'était en hiver, au plus fort d'une bourrasque, et un nuage noir, opaque, passa au ciel. Dans mon cœur aussi, à cet instant, un voile s'étendit sur les clartés de la vie.

Je prévins mon colonel et gagnai Paris en une heure sur une bonne quarante chevaux dont je ne me rappelle pas avoir jamais souffert la moindre panne. — On n'en fait plus de telles. ■

Rue de Penthièvre, je trouvai ma mère agenouillée sur son prie-Dieu, et je découvris avec douleur, — chose que ma jeune insouciance avait laissée venir sans y prendre garde, — qu'elle était maintenant une vieille femme. Un élan de tendresse navrée me poussait à la prendre dans mes bras et à étreindre ses maigres épaules qui frissonnaient sous un corsage noir. Mais les effusions n'étaient point de mise entre nous. Je montai donc voir mon père. Comme toujours, il administrait ! Assis dans son cabinet de travail

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