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CHRONIQUE DE CAERDAL 879

métique ? Elle ne ruine pas Montaigne, elle ne le déconcerte même pas : voilà pourquoi Pascal déteste Descartes. Voilà pourquoi ils sont tous deux près de nous. Quelle époque, celle où deux hommes de ce poids peuvent pendre au même fléau, et où l'un l'autre ils se font balance.

Restent ceux que la religion finit par saisir, tous ceux que l'âge mûr ou la veillesse courbe à la con- version : ils sont à M. Olier, et beaucoup à l'Ora- toire : leur religion est des plus sévères, un mélange presque inconnu de raison forte et de renoncement mystique. Une religion forte pour des âmes fortes.

L'individu, la force originale en tout : c'est la marque de ce temps, en religion comme en poli- tique, en poésie comme en morale. Voilà le grand siècle de l'énergie, parce qu'il est celui de l'individu. Chaque forte nature vit encore pour soi, et veut imposer sa forme.

Ils cherchent des lois générales pour tout le monde ; ils en sentent le besoin ; ils en prêchent le bienfait ; mais chacun d'eux ne se plie volontiers qu'à sa propre loi, impatient de se soustraire à la loi des autres. J'adore cette vue quand le génie y est. Elle est ma religion sociale : à condition, dis-je, que le génie y soit. Toute licence à la force, pourvu qu'elle soit belle. Même dans lies camps, Turenne, Condé, Gassion, Duquesne servent ensemble. Les héros de la Fronde avaient bien le

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