Page:NRF 8.djvu/888

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

880 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

droit de ne point vouloir tendre le cou à un faquin de Sicile et à une sotte Espagnole.

��A l'égal de Claude Lorrain et de Gondi, Cor- neille est, entre tous, l'homme de ce temps-là.

Ce qui distingue Corneille de tous les poètes, n'est pas un don du génie ni la qualité de l'art : mais une vertu morale. En vérité, la grandeur morale de Corneille se confond avec la vertu et la grandeur romaines. Ou plutôt, comme nous pro- nonçons les " u ", les " um " et tout le latin à la françoise, la vertu romaine est pour nous la vertu de Corneille, depuis Horace et Cinna.

Corneille ne triomphe pas des autres poëtes par la beauté de l'imagination, ni par la profondeur de l'analyse, ni par la vérité des passions, ni par la splendeur de la poésie et des images. Mais il se sépare de tous par la grandeur et la force du "Moi".

A Paris ou à Rouen, le vieux Corneille m'en- chante. Il n'est pas homme à plaire, pourtant, et sans grâce. Corneille est toujours un peu le vieux Corneille. Le Cid a pris toute la jeunesse du poëte. On le voit toujours disant les Stances à Marquise. C'est un homme d'âge, en toute saison. Quel destin, d'avoir survécu, pendant quarante années

�� �