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��LE THEATRE

��A PROPOS DE LA Reine Margot. Le drame historique.

C'était bien à l'Odéon, et non à l'Ambigu qu'il fallait essayer de rendre vie à la Reine Margot. La pièce de Dumas père et d'Auguste Maquet n'est pas à proprement parler un mélodrame. Elle n'offire ni outrageuse partialité de l'auteur en faveur de tel de ses personnages ou contre tel autre, ni opti- misme trop indiscret, ni somme toute cette illusion de puissance, amoureuse ou héroïque, qui est l'essence même du romanesque et du faux au théâtre. Un bon Dieu compatissant n'intervieut pas au dernier moment pour sauver la tête des jeunes héros, et si M. de Coconnas peut continuer à plaisanter tandis que le bourreau lui applique un simulacre de torture, on casse bel et bien les jambes à M. de la Môle et tous deux n'en ont ni plus ni moins le cou tranché. Non, la Reine Margot est un drame historique, et si l'on hésite à employer ce terme, si l'on sent bien que la pièce répond médiocrement à ce qu'on est en droit d'attendre du genre, il en faut moins chercher la raison dans les intentions de l'auteur que dans la faiblesse de l'exécution, et encore davantage dans certaines causes générales qui font que jamais en France nous n'avons eu de véritable drame historique.

La tragédie classique ne pouvait guère demander à l'histoire que des sujets de crises dramatiques et des prétextes de conflits. Les rigides unités jetaient l'interdit sur tous ces grands événe- ments collectifs et complexes qui sont les véritables sujets d'his- toire. Je ne veux même pas parler des conflits de classe, des

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