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LARMES DE LA VOLUPTE 955

Mais je ne comprends toujours pas.

Le corps, je l'ai étudié longuement ; j'en ai fouillé toutes les ombres, interrogeant ici le goût et là scrutant l'odeur.

Mais, chère, pas plus que ton visage, ton corps ne m'a livré ton secret.

VIII

Oui, pourquoi toi, pourquoi précisément toi ?

Tous les visages du monde, jusqu'aux plus ingrats, ont quelque chose en eux que j'aurais pu aimer.

Pour déformée qu'elle soit, c'est encore l'image de la Face divine que le plus disgracié des hommes.

Tous les visages humains réclament mon amour.

Des multitudes d'inconnus, pressés dans l'ombre autour de moi, mendient un regard de tendresse.

D'un geste de la main, à toute heure du jour, j'écarte ces suppliants.

Mais eux, à toute heure, ils reviennent en se traînant sur les genoux.

Lorsque, ayant baissé les yeux, je les relève lentement, j'aperçois, depuis mes pieds jusqu'à l'horizon, dans l'angle d'un regard qui, à mesure qu'il remonte, s'étend de plus en plus loin, toute une mer de visages tournés vers moi dans l'attente.

Pourquoi donc toi, pourquoi précisément toi ?

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