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Page:NRF 8.djvu/975

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l'amour dans le miroir... 967

mis à genoux, je t'appelle par ton nom, les bras tendus vers la nuit.

Immédiatement tu parais, visible pour moi seul, au bout de la sombre avenue.

Les hautes masses noires des tilleuls en fleurs semblent d'épais nuages de parfums, amoncelés sur le ciel plein d'étoiles : au milieu d'eux tu t'avances, comme une fine lueur allongée effleurant les pointes des herbes.

Les barreaux de la grille s'éclairent brusquement et rentrent dans l'ombre aussitôt, car tu as passé au travers.

Déjà tu contournes la pelouse obscure et, soudain, pareille au rayon jailli d'un miroir agité, tu bondis à ma fenêtre, et te voici dans ma chambre.

Alors tu t'approches et, t'inclinant vers moi qui demeure agenouillé, de cette voix sombrée et presque funèbre que donne l'extrême bonheur et qui ressemble à la voix de l'épouvante, tu mur- mures dans un souffle : " François, relève-toi... "

Mais comment pourrais-je t'obéir ? Ivre d'hu- milité, j'abaisse jusqu'à tes pieds nus, glacés par la rosée nocturne, une bouche avide, insensée.

IV

D'un côté, une ombre vive, aérée, un faible

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