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DE LA FOI 975

Certes, je suis libre, je vais où je veux : cependant il est des gens qui continuent à prier. — Je pense à ma guise ; toutes les théories sont à ma dispo- sition ; je n'ai qu'à choisir ; je suis comme au milieu d'un marché; et chacun étale ses arguments, les retourne, me les donne à soupeser : cependant les vérités religieuses ne sont pas ici, elles ne font rien pour séduire mon adhésion, elles ne bougent pas. — J'affecte de les contredire violemment, j'épouse les doctrines qui les insultent le mieux : elles ignorent l'offense que je leur fais. — Ou bien je leur rends cet hypocrite hommage, ce salut plein de distance et de dignité que les incrédules, pour bien marquer leur liberté d'esprit, ont cou- tume de leur décerner : elles restent aussi sourdes à mon approbation qu'à mon mépris. Décidément je ne compte pas pour elles. Et voici qu'une in- quiétude me vient : en tout ce qu'il m'arrive de penser, ce reproche secret, qui m'exaspère : " Tu es libre, tu es seul. Si cela te paraît être la vérité, pourquoi ne le croirais-tu pas ? "

A l'étendue de la permission qui m'est donnée, je commence à douter qu'elle en vaille la peine. 11 faut enfin que je revienne vers les vérités chrétiennes, que je quitte un instant mon erreur pour les examiner de près et chercher d'où leur vient cette formidable assurance.

Telle est la première invitation qui m'est adres- sée : le silence.

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