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986 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

l'homme est capable du mal comme du bien ; cela est primitif ; cela est constitutionnel en lui. Une morale n'est profonde que si elle en prend son parti. Il faut qu'elle avoue complètement celui à qui elle a affaire. Il faut qu'elle s'arrange pour réussir quand même. Elle ne le gouvernera vrai- ment que si elle prévoit jusqu'à son insubordina- tion. La morale catholique nous saisit tout vifs avec notre défaut ; comme on se charge d'un méchant enfant, en disant aux parents : " Nous verrons bien ! ", de même elle fait de nous son afîaire. Voici comment elle s'en tire : d'abord elle nous oblige au bien ; elle nous harcèle à chaque minute du jour, elle allume en nous le zèle de la charité, elle exige de nous une véhémente, une brûlante perfection. Mais tout-à-coup je m'échappe, je retombe au mal. Alors elle m'attend. Elle reste là. Il y a quelqu'un qui veille, épiant mon pas sur la route. La confession est au cœur du catholi- cisme ; elle en est le principe le plus ingrat, le plus scandaleux, le plus profond. Elle est en quelque sorte la permission du péché. Oui, le péché est permis, c'est-à-dire que tout ne se ter- mine pas avec lui et qu'on en peut revenir. Quel- qu'un a pitié de moi, quelqu'un prie pour moi, pendant toute ma faute, quelqu'un accepte tout ce que je fais, et même mon oubli, et même mon sacrilège. Tout ce mal, il faut bien qu'il s'écoule, il faut bien que je le dégorge. Cela même est dans

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