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Page:Nadar - Quand j'étais photographe, 1900.djvu/109

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laquelle nous descendrons tout à l’heure. Nous avons autour de nous les divers spécimens du genre Curieux, — le curieux insatiable et le curieux indifférent, voire dédaigneux, le sérieux, le goguenard, l’éloquent et le taciturne. Voici, espèce rare, le Parisien familier avec Paris, qui connaît sur le bout du doigt son Musée d’artillerie et pour qui la manufacture des Gobelins n’a pas de secrets, à côté du vrai Parisien autochtone qui ne donne un coup d’œil à son Paris que lorsqu’il lui échoit un visiteur départemental. Voici encore en appoint le public spécial qui s’abonne au Père La Chaize illustré, le même qui achetait jadis les Ruines de Volney et les Nuits d’Young aux temps héroïques où nous lisions tout, même Young et Volney. Voici enfin l’inévitable ban d’Anglais excursionnistes.

Ce monde est nécessairement un peu mêlé et on s’y familiarise vite avec son voisin ; il n’est tel que l’approche du danger pour rapprocher les distances et pousser à la fraternité. Chacun se dispose, allumant sa lanterne. Les rires qui éclatent çà et là, assez forcés, et quelques mines effarées témoignent, à la gloire du cours de littérature de Noël et Chapsal, que tout le monde n’a pas encore oublié l’infortuné mortel égaré dans les Catacombes et par aggravation de peine mis en vers par l’abbé Delille. Cet autre brave qu’on entoure a prudemment emporté, comme en cas pour un hivernage, deux livres de bougies, un pain de quatre livres et une provision de chocolat ;