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Page:Nadar - Quand j'étais photographe, 1900.djvu/127

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à toute lancée s’est bientôt faite glaciale : elle pourrait devenir meurtrière.

Si vite roulons-nous qu’à peine avons-nous le temps de distinguer aux écritures émaillées du Municipe, lettres blanches sur fond bleu, les noms répétés des voies publiques sous lesquelles nous glissons.

Un énorme tuyau de fonte d’un mètre de diamètre, soutenu par de substantielles potences et encore agrafé par des crampons solidement scellés, nous tient compagnie suivie tout le long du mur. C’est la conduite principale des Eaux de la Ville. — Une simple fissure, heureusement impossible, à cette conduite et par le déchirement subit sous la pression, nous serions sans rémission engloutis.

De temps à autre une cascade immonde tombe à notre gauche ou à notre droite par un chenal ménagé : un groupe d’égoutiers au labeur se range contre la muraille à notre approche, et, muet, nous regarde passer. De droite et de gauche nous laissons derrière nous nombre de galeries transversales, artères et artérioles de cette vaste circulation dont tous les vaisseaux réunis ne mesurent pas moins de soixante lieues.

Ici nous traversons une buée épaisse par laquelle s’abscurcissent la lampe à réflecteur placée à l’avant de notre wagon et la lanterne que porte notre premier équipier : cela signifie qu’au-dessus de nos têtes un établissement de lavoir liquide ses opérations de la matinée. — Plus loin une odeur nous