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Page:Nadar - Quand j'étais photographe, 1900.djvu/136

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toutes précautions prises, tous obstacles supprimés ou tournés, notre opération décisive touchant a sa fin, — tout à coup, à nos dernières secondes de pose, un nuage s’élevant de la canalisation venait voiler notre cliché — et quelles imprécations alors contre la belle dame ou le bon monsieur au-dessus de nous qui, sans nous soupconner, choisissait juste ce moment-la pour renouveler l’eau de sa baignoire !

Il faut compter que ce méchant métier, par égouts ou catacombes, n’avait pas duré pour nous moins de quelque trois mois consécutifs. A mon plus ferme ennemi, si j’en ai un, je ne souhaiterais pas ce trimestre d’une telle villégiature. J’avais donné là au delà de ma résignation et j’étais arrivé au fond de sac de ma patience. Je m’arrêtai — avec un regret pourtant, car l’œuvre n’était pas encore tout à fait complète comme je l’aurais rêvé. Mais énervement à part, j’étais rappelé à l’atelier de par d’autres nécessités d’autant plus urgentes après absence aussi longue.

En somme, je rapportais cent clichés, bons en majeure partie, quelques-uns aussi parfaits réellement que s’ils eussent été accomplis sub Jove, sub sole. Ils me coûtaient cher, de toutes façons, mais je ne regrettais rien.

Je me hâtai d’offrir les cent premières épreuves