Aller au contenu

Page:Nadar - Quand j'étais photographe, 1900.djvu/135

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

communication nous imposait un développement exagéré des fils conducteurs, et, sans parler de tous autres inconvénients ou difficultés, il nous fallait à chaque déplacement tâter empiriquement nos temps de pose, or, il est tel de ces clichés qui se trouva exiger jusqu’à dix-huit minutes. — Se rappeler que nous en étions encore au collodion, moins pressé que les plaques Lumière.

J’avais jugé bon d’animer d’un personnage quelques-uns de ces aspects, moins au point de vue pittoresque que pour indiquer l’échelle de proportions, précaution trop souvent négligée par les explorateurs et dont l’oubli parfois nous déconcerte. Pour des dix-huit minutes de pose, il m’eût été difficile d’obtenir d’un être humain l’immobilité absolue, inorganique. Je tâchai de tourner la difficulté avec des mannequins que j’habillai en manœuvres et disposai au moins mal dans la mise en scène ; ce détail ne compliqua pas nos besognes.

Mais je ne saurais dire combien de fois notre travail se trouva interrompu, arrêté, par une cause ou par une autre. Tantôt les acides affaiblis n’étaient pas suffisamment renouvelés et nous devions rester l’arme au pied dans ces séjours peu agréables, suspendant toute opération. Par deux fois, je dus changer le manipulateur qui avait affermé la fourniture de notre lumière. Faut-il raconter encore notre déception, notre colère, lorsqu’après plusieurs tentatives sur un point difficile, au moment où