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Page:Nadar - Quand j'étais photographe, 1900.djvu/142

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Ceux qui affecteront ici de sembler les plus détachés sont précisément les plus malades.

J’ai trouvé chez des hommes réputés graves entre tous, chez les personnages les plus éminents, l’inquiétude, l’agitation extrême, presque l’angoisse à propos du plus insignifiant détail de leur tenue ou d’une « nuance dans leur « expression ». — C’en était attristant, parfois même répugnant.

Il m’en retomba un une fois, dès le grand matin du lendemain de sa visite d’épreuves, tout endérouté par un cheveu, — je dis un cheveu — qui se trouvait dépasser la ligne et qu’il tenait absolument à voir rentrer dans le rang. « — Mais y aura-t-il moyen, monsieur Nadar ? Et ne vaudrait-il pas mieux recommencer ? » C’est ce que cet homme solennel venait me demander dès l’aube, toute affaire cessante.

De la nuit entière, il n’en avait pu fermer l’œil, — et en pleine candeur il me l’avouait.

Mais veut-on contempler l’infatuation masculine poussée jusqu’à la folie ? Quelle démonstration plus explicite, cette inexpliquable inconscience de certains candidats, politiciens professionnels qui ont