Aller au contenu

Page:Nadar - Quand j'étais photographe, 1900.djvu/16

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
8
quand j’étais photographe

plus proches, Gozlan, en sa prudence, s’en était tout de suite garé ; mais le bon Gautier et le non moins excellent Gérard de Nerval emboitèrent immédiatement le pas aux « Spectres ». Toute thèse en dehors des vraisemblances ne pouvait qu’agréer à « l’impeccable » Théo, au poète précieux et charmant, bercé dans le vague de sa somnolence orientale : l’image de l’homme est d’ailleurs proscrite aux pays des soleils levants. — Quant au doux Gérard, à jamais monté sur la Chimère, il était cueilli d’avance : pour l’initié d’Isis, l’intime de la reine de Saba et de la duchesse de Longueville, tout rêve arrivait en ami… — mais tout en causant spectres, l’un comme l’autre, et sans autres façons, furent des bons premiers à passer devant notre objectif.

Je ne saurais dire combien de temps le trio cabaliste tint bon devant l’explication toute physique du mystère Daguerrien, bientôt passée au domaine banal. Il est à croire qu’il en fut de notre Sanhedrin comme de toutes choses, et qu’après une très vive agitation première, on finit assez vite par n’en plus parler. Comme ils étaient venus, les « Spectres » devaient partir.

Il n’en fut d’ailleurs plus jamais question dans aucune autre rencontre ni visite des deux amis à mon atelier.