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Page:Nadar - Quand j'étais photographe, 1900.djvu/15

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balzac et le daguerréotype

qu’au bout de son hypothèse. Mais ce deuxième point ne se trouva pas abordé entre nous.

Cette terreur de Balzac devant le Daguerréotype était-elle sincère ou jouée ? Sincère, Balzac n’eût eu là que gagner à perdre, ses ampleurs abdominales et autres lui permettant de prodiguer ses « spectres » sans compter. En tout cas elle ne l’empêcha pas de poser au moins une fois pour ce Daguerréotype unique que je possédai après Gavarni et Silvy, aujourd’hui transmis à M. Spoelberg de Lovenjoul.

Prétendre qu’elle fut simulée serait délicat, sans oublier pourtant que le désir d’étonner fut très longtemps le péché courant de nos esprits d’élite. Telles originalités bien réelles, du plus franc aloi, semblent si bien jouir au plaisir de s’affubler paradoxalement devant nous qu’on a dû trouver une appellation à cette maladie du cerveau « — la pose — » la pose que les romantiques hanchés, poitrinaires, à l’air fatal, ont transmise parfaitement la même, d’abord sous l’allure naïve et brutale des réalistes naturalistes, puis jusqu’à la présente raideur, la tenue concrète et fermée à triple tour de nos décadents actuels, idiographes et nombrilistes, — des pointus plus ennuyeux à eux seuls que tous les autres ensemble, gage éternel de l’impérissabilité de Cathos et Madelon.

Quoi qu’il en fût, Balzac n’eut pas à aller loin pour trouver deux fidèles à sa nouvelle paroisse. De ses