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Page:Nadar - Quand j'étais photographe, 1900.djvu/161

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et les contempla avidement, penchée sur les chères images. De longues larmes coulaient sur ses joues, brouillant ses yeux que le mouchoir ne parvenait à élancher, — jusqu’à ce que suffoquant, nerveuse, affolée, elle s’en détourna enfin, rabattant son voile, pour nous dire que, telles quelles, elle avait à emporter ces épreuves et qu’on eût à en tirer d’autres immédiatement.

Il n’y avait qu’à s’incliner : la dame partit avec les deux photographies roulées dans le buvard.

Une heure s’était écoulée à peine, que deux autres femmes scrupuleusement en grand deuil comme la première, se présentaient, — demandant à voir les épreuves.

Que voulait dire ceci ? — Ces deux personnes n’avaient donc pas eu communication de ce qui avait été livré une heure auparavant ?…

Je les examinais : — la plus jeune, visage régulier, long, de la pâleur mate des créoles ou des Madrilènes, les yeux d’un noir de poix, auréolés de bistre. Ces yeux-là avaient évidemment trop pleuré pour